Performance
Érosion des chimères
Rétrospective Jeanne Bargas et Cody Debord
Le Lavoir Public ouvre ses portes à deux jeunes plasticiens de Lyon et de Strasbourg. Jeanne Bargas et Cody Debord produisent des œuvres intimes qui s’opposent aux normes sociales, genrées et patriarcales. Leurs travaux mettent le regard du spectateur à l’épreuve à travers des performances puissantes et plastiques. L’œuvre de Jeanne Bargas, organique et incarnée, partage le Lavoir avec celle de Cody Debord, qui se décrit comme un drag cyborg, un robot transpédé. Ensemble, ils créent Érosion des Chimères, une occupation du Lavoir Public pendant quatre jours où leurs installations et performances cohabitent et se répondent.
Programme
Mercredi 20 nov
VERNISSAGE + 1. Jeanne Bargas : (CONFIRMATION) (45mn)
Chaque perle de son collier est un glaçon de son sang menstruel qui fond sur le vêtement, sur le tapis et sa peau. Ce sang, Jeanne le récolte à chaque cycle depuis juin 2021. Chaque neuf mois, iel en tire un collier. Le sang menstruel en tant que symbole de création. A la recherche de légitimité en tant qu’artiste, personne perçue comme fille, ce bijou est une amulette rassurante. Iel ré-absorbe son pouvoir avant qu’il ne lui échappe à nouveau.
Jeudi 21 nov
1. Cody Debord : INHERENTLY TRANSGRESSED (10mn)
Installation performance en réponse à la biennale de Lyon 2022 Manifesto of Fragility, qui proposait l’acceptation et la réappropriation de fragilités instaurées par les oppresseurs, afin d’atteindre une forme de « paix intérieure ». Nos “vulnérabilités” et “fragilités” corporelles sont instaurées et imposées par des rapports de force systémiques patriarcaux, racistes, classistes et queerphobes. Ces fragilités ne font pas notre force ; notre force vient de notre colère, de nos cris, de notre résistance. Nous sommes vulnérables à cause du danger qui nous hante, ce qu’iels ont appelé “fragilité”, j’appelle oppression, violence, discrimination. Mon corps et ma transidentité ne sont pas fragiles, mais mon droit d’exister l’est. Comment se réapproprier quelque chose construit pour nous réprimer ?
2. Jeanne Bargas : Goutte de sève, goutte de résine (25mn)
Dans un costume de larmes, Jeanne questionne l’érotisation du corps, la représentation de la douleur et des figures féminines vivant une expérience transcendantale. Iel met en lumière l’ambiguïté de l’extase, religieuse ou sexuelle, et le regard érotisant porté sur des figures vulnérables. Cette performance aborde la désirabilité de la souffrance et de la vulnérabilité selon le genre.
Vendredi 22 nov
1. Cody Debord : 404 was found (10 mn)
Installation performance dans le cadre de l’exposition « Résolution » aux beaux arts de Lyon avec l’unité de recherche de Labo NRV 2023. Ecrans, projection, bâche, seringues, androtardyl, peinture, impression 3D
2. Jeanne Bargas : Galacto poiese (20 mn)
En s’efforçant d’ingurgiter des litres de lait, Jeanne tente d’articuler ses réflexions sur les normes de genre, de pudeur et d’obscénité. Iel compare ce qui nourrit le bébé à ce qui l’éduque pour devenir un·e bon·ne enfant, un·e bon·ne adulte. Le ventre qui se remplit, les injonctions du regard des autres et la vision érotisée de son propre corps, amènent à un rejet viscéral.
Samedi 23 nov
1. Jeanne Bargas et Victor Simon : Fadings (45mn) Fadings est une performance sonore et visuelle co-écrite et co-improvisée par Victor Simon et Jeanne Bargas, où la création musicale est sans cesse altérée et recomposée et où les gestes répétitifs se dégradent eux aussi. Iels explorent ensemble les notions d’impermanence, de vulnérabilité et de résilience, en cherchant les limites de leurs corps et des matériaux.
2. Carte blanche à Véga/Cody Debord
3. DJ set
Jeanne Bargas (Strasbourg)
À la recherche d’une cohabitation possible entre le désir et le dégoût, la tendresse et la dureté, Jeanne Bargas fabrique des images et des objets qui viennent contrarier ses convictions féministes et inclusives, autant qu’ils les affirment. En confrontant ses propres contradictions, Jeanne crée des pièces comme des béquilles, pour s’outiller – el·lui et les autres – dans un monde ni tendre ni juste.
Cody Debord (Lyon)
Entre créatures glitchées, drag cyborg, robot wannabe, transpédé et tuning queer, Cody Debord tente de brouiller les distinctions entre le vrai et le faux par le biais du dédoublement, de la dualité et de la confrontation entre lui et ses avatars. À travers une galerie de personnages issus de fictions et de narrations qu’il crée, il façonne des extensions de sa personne, où les outils numériques dissolvent et recomposent ses identités, allant volontairement à l’encontre d’un corps et d’un genre binaire qui lui ont été imposés. Il invoque différentes formes de virtualité pour incarner et critiquer les masculinités hégémoniques en les questionnant mais aussi en les queerisant. Il présente ses avatars non pas comme de simples personnifications, mais comme des entités autonomes qui interagissent, se confrontent et se complètent mutuellement, créant ainsi un lore camp en constante mutation. Sa pratique tourne autour du jeu vidéo, de la vidéo, d’Internet, de la 3D et de la performance, évoluant dans des mondes où la virtualité cohabite avec le réel.